vendredi 8 avril 2011

«Non, ce n'est pas une musique d'enfant» George Enescu, les oeuvres complètes pour violon-alto et piano. Telos TLS062

Laurent Albrecht Breuninger, violon et alto.
Thomas Duis, piano.
CD1: Sonate op.2 pour violon et piano
Pièce de concert pour alto et piano
Impressions d'enfance op.28 pour violon et piano
Impromptu concertant pour violon et piano
CD2: Sonate op.6 pour violon et piano
Sonate «Torso» pour violon et piano
Sonate op.25 pour violon et piano.

Telos 2 CD TLS 062

George Enescu (1881-1955) mena une carrière de violoniste virtuose, ainsi que de chef d'orchestre et même pianiste accompagnateur! Partagé entre la France et la Roumanie il participa à des ensembles de musique de chambre avec Cortot, Casals, Lipatti, et même fonda un quatuor à son nom. On comprend alors que la musique de chambre avait pour Enescu une très grande importance. «Le Berlioz de la musique de chambre», Enescu reste encore un compositeur méconnu, mais il l'est au même rang qu'un Bartok ou qu'un Janacek.

Sa première sonate en ré majeur op.2 (1887) nous montre l'influence que Brahms a eu dans son époque de formation. Enescu fit des études à Vienne où il le rencontra, mais surtout il travailla l'écriture avec Fuchs, grand défenseur de la musique de Brahms. Pourtant la pièce qui retient notre attention de ce premier CD, c'est les Impressions d'enfance op. 28, sorte de grand poème enchaînant dix épisodes: Ménétrier, Vieux mendiant, Ruisselet au fond du jardin, L'oiseau en cage et le coucou au mur, Berceuse, Grillon, Lune à travers les vitres, Vent dans la cheminée, Tempête au-dehors dans la nuit, Lever du soleil. La musique nous raconte les moments d'une journée pleines d'images, puis d'une nuit avec ses visions inquiétantes.

La deuxième sonate pour violon et piano en fa mineur op.6 (1899) possède un langage plus personnel. Enescu la considérait comme la première oeuvre à rester dans son catalogue. Elle est construite, comme sa première, en trois mouvements. Son mouvement central est très original, avec ses mélodies de caractère modal surement faisant allusion à sa Roumanie natale.
La sonate "Torso" (1911) est le seul mouvement d'une oeuvre inachevée qui nous ait survécu, dont les caractéristiques extrêmement romantiques du langage nous font songer à celui du dernier Scriabin.
Avec sa troisième sonate en la mineur op. 25 (1926), "Dans le caractère populaire roumain", Enescu a écrit une oeuvre d'une grande maturité. Chef-d'oeuvre du répertoire, plus accessible que les sonates de Bartok, écrites un peu plus tard,elle reflète le travail sur le folklore roumain, en particulier la musique des "lautari" espèce de musiciens itinérants dont les chants et danses ont formé une partie importante de l'enfance du compositeur.

Un petit paragraphe pour nos artistes. Breuninger a toujours un son chaleureux, extrêmement mélodique, en donnant un sens de langage aux virtuosités techniques que ces partitions exigent; tandis que Duis se trouve être le compagnon idéal, équilibré et très intelligent. Ces deux artistes, nous laissent entendre et croire qu'on est devant une de ces merveilles, souvent pas très connues de la discographie récente.

Telos 2 CD, TLS 062.

Philippe Adlefang.



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