samedi 26 mars 2011

Geneviève Laurenceau Tugan Sokhiev Orchestre National du Capitole de Toulouse Naïve V5256

Serge Prokofiev, concerto pour violon n°2, op.63 (1935).
Sergey Rachmaninoff, danses symphoniques, op.45 (1940).
Genviève Laurenceau, violon.
Orchestre National du Capitole de Toulouse.
Tugan Sokhiev, directeur.

À partir de 1935 l'idée d'un retour en Russie soviétique apparaît comme quasi inévitable pour Serge Prokofiev (1891-1953). Durant cette période une oeuvre majeure va naître. Elle a été pensée pour soutenir le violoniste Robert Soetens, qui aurait l'exclusivité de joué le concerto pour violon n°2 durant toute une année. L’écriture est moins complexe que celle du 1er concerto pour violon de 1917, mais plus lyrique, comme nous pouvons l'écouter dans son fameux deuxième mouvement andante assai. Ce concerto est un bel exemple de ce qu'on a appelé " nouvelle simplicité", où Prokofiev avait commencé à clarifier son langage harmonique en atténuant son niveau de dissonance et en donnant la primauté à ses dons remarquables en matière d'invention mélodique.
C'est juste après la tournée de création de se concerto en Europe et Afrique du Nord, que Prokofiev entame le chemin du retour en URSS, et qui deviendra son étape dite soviétique.
Geneviève Laurenceau, premier violon solo de l'orchestre, nous donne une très belle interprétation du concerto, en le jouant de la façon lyrique et passionnée que la partition exige. L'Orchestre du Capitole, fidèle à sa tradition, excellentes cordes, très bons vents le tout très bien géré par Tugan Sokhiev futur directeur musical de la Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin à compter de la saison 2012-2013.

Bien que du même pays que Prokofiev, Rachmaninov (1873-1943) vivait une toute autre réalité que son cadet. Pianiste virtuose et légendaire, il a aussi émigré (aux États-Unis), mais n'a pas voulu revenir après la révolution bolchevique. Évidemment tout son univers ainsi que ses biens furent basculés par la marée révolutionnaire, et sa Russie ancestrale ne sera plus jamais comme il s'en souvenait sûrement. Ainsi que le peuple juif, les russes partagent un culte à la nostalgie qui se laisse entendre dans ses magnifiques danses symphoniques. Pensées originalement comme un ballet, Rachmaninov reprend ce matériel en le transformant en trois danses pour l' Orchestre de Philadelphie. L'oeuvre a un caractère autobiographique, sans que le compositeur n'ait jamais donné d'explication, le final du premier mouvement comporte une citation de sa première symphonie, dont la création fut un évènement traumatique dans sa vie. Tandis que dans la danse finale le thème de l'Alléluia de ses Vêpres apparaît pour conduire un espèce de combat ultime et victorieux contre la mort. L'Orchestre du Capitole retrouve toute l'énergie dynamique que cette partition précise, non seulement pour faire ressortir les rythmes et les mélodies si particulières, mais aussi pour rendre justice au métier d'orchestrateur de Rachmaninov.

Un très beau disque de tout point de vue!

Naïve V5256

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