mercredi 2 décembre 2009

Liszt ou le pèlerinage d'un artiste.



Franz Liszt
Annés de Pèlerinage I
Sonate pour piano en si mineur.
Michael Korstick
CPO 777478-2


S'aventurer dans l'œuvre de Liszt n'est pas chose facile à faire. Ses œuvres posent toujours le même problème, jusqu'où la vision de l'artiste interprète devra arriver?
Car le compositeur lui même s'est posé la question il y a en peut plus de 150 ans. La formule « il faut laisser les œuvres parler par elles mêmes » peut être valable pour beaucoup de musiciens, come Haydn ou Mendelssohn. Mais est-ce le cas pour celles de Liszt? Je ne pense pas que Liszt lui même fut d'accord avec cette théorie.


Il faut comprendre que ce type de compositeur appartient a une classe à part dans le monde de la musique. Il pourrait facilement se ranger avec Monteverdi, Beethoven, Debussy et Ligeti.
Ce sont des musiciens de transformation, de passage, de quête et de conquête d'espaces nouveaux différents et évidement plus modernes.


Le cas de Liszt est paradoxal. Son devoir fut de nous transporter de la Hamerklavier de Beethoven jusqu'aux dernières de ses pièces pour piano tout à fait a-tonales. Mais nécessairement il fallait passer par les années de pèlerinages, et surtout par sa sonate pour piano.


En quoi la contribution de Liszt a été si importante pour la musique? Et bien, derrière le masque d'interprète génial, reconnu et adoré par tous ses contemporains, se cache un compositeur intelligent et de premier ordre. Et simplement pour souligner cela, je pourrais dire qu'avec les années de pèlerinages, Liszt a ouvert la voie au deux courants majeurs de la fin du XIX et début du XX siècle dans l'évolution de la musique classique.


D'un côté c'est lui qui a mis au point toute l'esthétique harmonique que Wagner va adopter, mais c'est aussi avec ce cycle de pièces pour piano, que l'impressionisme de Debussy et de Ravel vont trouver leur source. Cela veut dire que, comme Beethoven, le compositeur et l'artiste vont surpasser leur époque et vont aussi élargir la tonalité jusqu'aux dernières limites.

L'interprétation de Michael Korstick, est tout à fait en concordance avec l'idée que l'artiste a aussi un rôle plus qu'important a jouer. Il est le seul responsable de faire passer le message écrit par le compositeur. En réalité c'est même plus important! Car à différence des autres arts, la musique a toujours besoin de quelqu'un pour la jouer. Cette dépendance entre l'œuvre et l'artiste en fait sa force et sa faiblesse.

Les sommets de l'interprétations qu'on peut écouter dans ce disque ne sont pas négligeables, ce qui permet de le placer au côté des grandes versions d'un Arrau, Berman ou même Horowitz.
Même on pourrait penser que dans la sonate pour piano, Korstick tient le rôle de Charon dans un voyage métaphysique que tout âme doit faire pour arriver au stade dit « supérieur ».
Evidement que tout cela est très subjectif, et difficile à prouver, mais une telle approche artistique serait impossible à faire, si on a pas un artiste qui contrôle tous ses moyens techniques en les mettant au service d'une partition.

Cpo 777478-2

Philippe Adelfang

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