Ça y est! C’est fait! Julie Boulianne a fait ses débuts au Metropolitain Opera de New York. La mezzo-soprano incarne Diane dans Iphigénie en Tauride de Gluck jusqu’au 5 mars 2011. Elle partage la scène avec les réputés Placido Domingo, Susan Graham et Angela Gheorghiu. Originaire de Dolbeau-Mistassini au Lac-Saint-Jean, cette jeune artiste lyrique québécoise nous raconte ici comment s’est déroulée cette grande première, qui a eu lieu le 12 février 2011.
La première d’Iphigénie en Tauride de Gluck avec Julie Boulianne surplombant la scène. On remarque sur scène Domingo. « On me dit que la première s'est bien passée. Je le crois aussi, mais c’est impossible d’être soi-même spectateur, il y tellement de choses à faire mis à part chanter! C’est parfois presque digne d’un numéro d’acrobaties! En fait, j'étais très concentrée à voler et atterrir gracieusement, à défaire les câbles du harnais, à défaire mon pied qui s’était pris dans mon costume, sans oublier de chanter, en prenant “avec tendresse” le visage de Placido Domingo dans mes mains, à me souvenir de ma chorégraphie, à ne pas laisser paraître que j'étais un peu enrhumée... Finalement, avec tout ça en tête, je ne suis même pas certaine d'avoir vraiment chanté! Non sérieusement… quelles émotions, quelle expérience la vie m’offre, je suis comblée! »samedi 19 février 2011
Julie Boulianne au Met!
vendredi 18 février 2011
Nos amis dans le monde: Dario Ingignoli
jeudi 10 février 2011
Humperdinck : Dornröschen
Elisabeth Ebeling & Bertha Lehrmann-Filhés : livretBrigitte Fassbaender : mezzo-soprano (Dämonia); Christina Landshammer : soprano (Rosa); Kristiane Kaiser : soprano (Röschen); Tobias Haaks : ténor (Reinhold);Choeur des Bayerischen Rundfunks Münchner Rundfunkorchester
Ulf Schirmer, direction
Engelbert Humperdinck est connu principalement pour l’opéra Hansel et Gretel. Le mélomane, même averti, aura cependant de la difficulté à identifier une seule autre page du répertoire de ce compositeur allemand, né en 1854 et mort en 1921. Pourtant, comme le démontre cette Belle au Bois Dormant créée en 1902, une troupe audacieuse et une maison de disque entreprenante peuvent réaliser de très jolies gravures en s’attaquant aux autres titres du catalogue de Humperdinck. Grand admirateur de Wagner, il manifesta néanmoins une volonté affirmée de se démarquer de l’empreinte stylistique du maître de Bayreuth. Ici, par exemple, il fait usage du dialogue parlé, comme dans la tradition du singspiel. Cette particularité, combinée à une plume musicale très inspirée des chansons populaires et folkloriques de son époque, confèrent à cet opéra-féérique un charme certain. Ironiquement, Humperdinck se fit tirer l’oreille pendant longtemps avant de finir par accepter ce contrat.
On connaît bien l’histoire de la Belle au Bois dormant. L’auditeur sera donc surpris par les ajouts au matériau de base, ceci à l’initiative des deux librettistes, elles-mêmes très imprégnées de l’esprit d’art total si cher aux wagnériens. Ces extensions originales concernent toutes le Prince, et non la Belle elle-même. L’opéra se bonifie ainsi d’un statut différent que celui de simple « opéra merveilleux », parfois associé à un divertissement pour enfants. Les aventures du Prince au Royaume du Ciel, où il rencontre le Soleil, la Lune et les Étoiles, puis sa descente sous terre, au Royaume des Nains (un rappel assez explicite à Wagner) à la recherche d’anneaux de fiançailles (Wagner encore!), transforment le conte de fée en parcours initiatique où les valeurs de courage et de persévérance, associées à celle de la vertu, prennent une place beaucoup plus considérable que ce que le conte originel permettait d’exprimer.
La musique de Humperdinck est excessivement accessible. Chantante et d’inspiration populaire, elle s’appuie sur une orchestration économe, mais colorée et picturale. Un thème ascendant (qui ressemble à s’y méprendre à celui qui amorce le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn) revient régulièrement dans la partition, influence manifeste du principe de leitmotiv de Wagner. La ressemblance avec les opéras du grand Richard s’arrête là, cependant. La structure de l’œuvre, tel que mentionné plus haut, ressemble bien plus au singspiel, ou à d’autres formes d’opéra-comique, qu’au épanchements gargantuesques vus et entendus à Bayreuth à cette époque. Le résultat est éminemment charmant et réjouissant, et on se demande quand nous aurons la chance d’entendre d’autres pages lyriques de ce compositeur manifestement doué pour l’expression scénique.
Les solistes en présence sont tous très solides, et Ulf Schirmer dirige avec énormément de conviction l’orchestre et le chœur de la radio bavaroise. C’est grâce à des projets comme ceux-ci que la maison CPO s’est rendue si indispensable dans le monde musical d’aujourd’hui. Bravo.
CPO: 777510-2
Frédéric Cardin